Journal des Infirmiers

IPA

Témoignage de Catherine Cochez : IPA en oncologie thoracique

Je suis infirmière diplômée d’état depuis 2003. J’ai débuté ma carrière d’infirmière aux hospitalisations conventionnelles de pneumologie et notamment dans l’unité d’oncologie thoracique. J’ai effectué de nombreux remplacements en hôpital de jour pour y être affectée à temps plein en 2008.  

J’ai obtenu un diplôme universitaire sur la prise en charge de la douleur en 2006. 

En application d’une des mesures phares du premier plan Cancer (2003/2007) j’ai participé à la création des premières consultations infirmières d’annonce de diagnostic.  

En 2013 je me suis intéressée à un master expérimental de sciences cliniques infirmières. Il faisait suite au rapport Berléand (2003) sur l’évaluation de la possibilité d’un transfert de tâches et de compétences entre les professions médicales et paramédicales afin d’améliorer l’offre de soins. En effet j’aspirais à évoluer vers plus de responsabilités. Aussi, dans notre système de santé nous étions déjà confrontés à une demande croissante de soins et à une pénurie médicale qui justifiaient une réorganisation avec une évolution de la profession infirmière. Cette formation était proposée à Marseille. Elle se déroulait sur deux années d’études universitaires alliant sciences médicales et sciences infirmières. 

J’ai obtenu mon master de sciences cliniques infirmières, spécialité pratique avancée en oncohématologie en juillet 2015. Il m’a permis de reconnaitre mon expertise infirmière dans le domaine de l’oncologie et d’approfondir mes connaissances. Cependant le décret de compétence et son référentiel de formation publié le 18 juillet 2018 n’ont pas prévu de dispositions spécifiques d’équivalence pour les diplômés du master de sciences cliniques infirmières. J’ai dû réaliser un complément de formation, une validation de mes études supérieures à l’université de Paris Diderot, afin d’obtenir mon diplôme d’état d’infirmière en pratique avancée (IPA) en oncologie en juillet 2020.  

Mon projet a été soutenu par l’équipe médicale et cadre. Les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg ont participé aux coûts de ma formation d’IPA.  

J’exerce les fonctions d’IPA en oncologie thoracique depuis le 01/09/2021. J’ai rédigé le protocole d’organisation avec le Pr Mascaux qui est une obligation pour clarifier les conditions de complémentarité interprofessionnelle et les modalités d’intervention de l’IPA auprès des patients. 

L’infirmier en pratique avancée participe à l’amélioration de l’accès aux soins ainsi qu’à la qualité des parcours des patients. 

Les oncologues proposent aux patients d’être suivis conjointement avec moi. J’ai créé un flyer qui leur explique mon rôle dans leur parcours de soin. Je vois en consultation les patients sous traitements anticancéreux, selon mon évaluation clinique, biologique et à l’interrogatoire, je renouvelle et adapte leurs traitements (chimiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée, soins de support, …). Je peux prescrire des traitements non soumis à prescription médicale, des examens biologiques et d’imagerie. Ma file active est d’environ 90 patients. Mon expérience et ma formation me permettent d’accompagner différemment les patients et de participer à l’efficience dans la prise en charge des anticancéreux.  Je coordonne et fluidifie le parcours diagnostique des nouveaux patients. Je participe aux réunions de concertation d’oncologie thoracique. Je réponds aux appels téléphoniques en lien avec les traitements oncologiques. Je suis un pivot entre l’équipe médicale et paramédicale à l’hôpital. Une experte en oncologie pour mes collègues infirmières qui me sollicitent depuis plusieurs années. Je m’efforce d’être une personne ressource pour le patient, son entourage, le médecin traitant, le pharmacien d’officine, l’infirmier libéral, les prestataires de soins. Je permets une meilleure coordination entre l’hôpital et la ville. J’encadre des IPA en formation, je communique pour témoigner de mon exercice et de mon évolution ainsi que pour promouvoir le métier d’IPA. 

Mes compétences élargies me permettent de pallier au manque de disponibilité médicale tout en développant une expertise de la profession infirmière. Ma présence permanente et ma disponibilité me permettent d’être un réel repère dans le parcours de soins des patients en oncologie thoracique.  

Malgré un décret de compétences mal adapté à ma pratique parce que trop limitant dans la possibilité de traiter les effets secondaires des traitements (renouvellement autorisé seulement), mon métier est passionnant et évolue au fur et à mesure des besoins et des projets de mon lieu d’exercice. 

Laisser un commentaire