Décrochage scolaire, solitude et avenir incertain : le Covid-19 a poussé les étudiants dans une situation plus que délicate. Les étudiants infirmiers ont eux été mis à contribution dès le début de la crise, et doivent alterner entre cours à distance, en présentiel et mise à contribution dans les unités de soin Covid.
C’est la double peine pour les étudiants infirmiers : en plus de subir la situation précaire des étudiants, ils sont aussi mis à contribution pour faire face à la crise sanitaire. Dès le mois de mars, alors que la France débute son premier confinement et que le système de santé monte en tension, les étudiants infirmiers sont mis à contribution dans tous les domaines, comme le raconte Bleuenn Laot, présidente de la Fédération Nationale des Etudiants en Soins Infirmiers (FNESI) : « 85 % des étudiants ont été mobilisé au mois de mars. Certains l’ont été en tant qu’aide soignants ou infirmiers, mais d’autres ont été affectés au remplissage des gels hydroalcooliques, dans les morgues, ou à la garde d’enfants des soignants. Ca a été une grande période de stress pour tout le monde. »
« Aucune leçon tirée de la première vague »
Dès la fin de la première vague, la FNESI s’inquiète du moral des étudiants, lancé dans le grand bain à la va-vite, avant même la fin de leurs études. A la rentrée de septembre, les signes d’une deuxième vague se font sentir, et pour les apprentis infirmiers, la peur de devoir boucher les trous à nouveau : « La première vague a été dure mais il n’y avait aucune préparation pour personne. Quand la deuxième vague est arrivée en septembre, on a eu d’un coup beaucoup d’appels et de mail d’étudiants en stress, fatigué et en colère, car aucune leçon n’avait été tirée de la première vague. Aujourd’hui, on voit la troisième vague arriver et les étudiants n’en peuvent plus. »déplore Bleuenn Laot.
A l’automne, la deuxième vague pousse la FNESI à appeler à la mobilisation de ses membres pour une amélioration des conditions de travail. Le syndicat s’inquiète alors du statut flou de ses étudiants encore en formation mais condamné à boucher les trous et à apprendre sur le tas, au milieu d’une crise sanitaire majeure.
Mobilisation et reconnaissance
Ces revendications ont finie par être prise en compte, et un arrêté « relatif à l’adaptation des modalités d’admission, aux aménagements de formations, et à la procédure de délivrance de diplômes » a été pris le 30 décembre dernier, afin de clarifier la situation des étudiants en santé. Désormais, les étudiants ne peuvent être mobilisés que deux semaines maximum au cours de l’année scolaire, une disposition renouvelable une seule fois. Si une nouvelle vague arrive, les élèves de deuxièmes et troisièmes années peuvent être mobilisés, sous les statuts du temps partiel ou du temps complet.
Plus qu’une clarification des statuts, une autre revendication revient inlassablement : la reconnaissance. « On ne veut pas seulement des « merci pour tout ». Ce qu’on veut, c’est plus de moyens humains, plus de matériel, et du temps pour la formation. Il faut aussi investir dans l’accompagnement de la santé mentale des étudiants. »peste la présidente de la FNESI. Cette dernière problématique, devenu centrale dans les débats ces dernières semaines, inquiète le syndicat, qui tente tant bien que mal d’assurer un semblant de vie sociale à ses étudiants : « On a créé une ligne d’appel pour toutes les questions des étudiants. On encourage aussi les BDE à continuer tant que possible leurs activités, pour garder un minimum de vie étudiante. C’est de belles années, et on ne veut pas les sacrifier.»
Ecrit pour vous par Mathieu