Journal des Infirmiers

Violences faites aux soignants : comprendre et agir en 2025

Les violences envers les soignants ne sont plus des faits divers isolés mais une réalité qui s’installe durablement dans le quotidien de nombreux infirmiers. En 2025, malgré les campagnes de sensibilisation et les dispositifs mis en place, les agressions verbales et physiques à l’encontre des soignants restent en forte hausse. Elles concernent aussi bien les hôpitaux que les établissements médico-sociaux ou les soins à domicile.

Pour les infirmiers, qui incarnent la proximité et la disponibilité, cette situation est particulièrement lourde à vivre. Elle met en danger non seulement leur santé physique et psychologique, mais aussi la qualité des soins prodigués aux patients. Comment comprendre ce phénomène ? Et surtout, quelles solutions mettre en place pour protéger ceux qui soignent ?


🚨 Un phénomène en augmentation dans les établissements de santé

Des chiffres qui interpellent

Selon les données récentes de l’Observatoire national des violences en milieu de santé, plus de 25 000 déclarations d’agressions ont été enregistrées en 2024, soit une augmentation de près de 20 % par rapport à 2022. Parmi elles :

  • 70 % sont des violences verbales (insultes, menaces, propos discriminatoires).
  • 25 % des violences physiques (bousculades, coups, jets d’objets).
  • Le reste concerne des atteintes aux biens ou du harcèlement.

Les infirmiers représentent une part importante des victimes, du fait de leur rôle en première ligne auprès des patients et de leurs proches.

Des contextes à risque

Certaines situations sont particulièrement propices aux tensions :

  • Les urgences : surcharge, attentes prolongées, climat tendu.
  • La psychiatrie : troubles du comportement et gestion de la crise.
  • Les soins à domicile : interventions isolées dans des environnements parfois hostiles.

Dans tous les cas, les soignants subissent une violence qui dépasse le simple mécontentement et traduit un malaise sociétal plus global.

Conséquences sur les soignants et les équipes

Les agressions ont des répercussions directes :

  • Psychologiques : anxiété, stress post-traumatique, perte de motivation.
  • Organisationnelles : arrêts maladie, turnover, difficultés à recruter.
  • Sur les soins : diminution de la disponibilité émotionnelle, risque accru d’erreurs.

Au-delà des chiffres, c’est la dignité et la sécurité des infirmiers qui sont mises en cause.


👩‍⚕️ Comment les infirmiers vivent et gèrent ces situations au quotidien

Des témoignages édifiants

Les récits d’infirmiers illustrent la banalisation inquiétante de ces violences :

“Aux urgences, les insultes font partie de notre quotidien. On ne compte plus les menaces quand les patients doivent attendre.”
“En tournée à domicile, il m’est arrivé de subir des agressions verbales violentes, seule, sans possibilité de réagir immédiatement.”

Ces témoignages révèlent un profond sentiment de vulnérabilité et d’impuissance.

Les stratégies individuelles d’adaptation

Face à ces situations, les infirmiers développent leurs propres stratégies :

  • Désamorcer la tension par le dialogue et l’écoute active.
  • Garder une distance émotionnelle pour ne pas être trop affecté.
  • Éviter certaines situations à risque en modifiant les tournées ou les approches.

Mais ces stratégies restent insuffisantes et ne remplacent pas un cadre institutionnel protecteur.

La force du collectif

Le soutien entre collègues est un facteur déterminant. Les équipes qui disposent de :

  • Espaces de parole réguliers,
  • Débriefings après incidents,
  • Solidarité active entre soignants,

parviennent mieux à faire face et à limiter l’impact psychologique des agressions.


🛡️ Quelles solutions pour protéger et accompagner les soignants ?

Des dispositifs institutionnels

Plusieurs mesures existent aujourd’hui pour lutter contre les violences :

  • Dépôt de plainte facilité pour les soignants victimes d’agression.
  • Formations obligatoires à la gestion des conflits et des situations violentes dans certains établissements.
  • Plans de sécurité hospitaliers renforcés avec la présence d’agents dédiés.

Cependant, leur application est encore hétérogène et leur efficacité souvent remise en question par les professionnels.

Initiatives locales inspirantes

Certains établissements ont mis en place des initiatives efficaces :

  • Boutons d’alerte portés par les soignants en psychiatrie.
  • Equipes de médiation présentes dans les services à forte tension.
  • Protocoles de soutien psychologique immédiat après un incident.

Ces expériences locales montrent qu’une action concrète peut améliorer le sentiment de sécurité.

Le rôle des associations et syndicats

Les organisations professionnelles jouent un rôle majeur :

  • Sensibiliser l’opinion publique et les institutions.
  • Accompagner les infirmiers dans leurs démarches juridiques.
  • Revendiquer des moyens supplémentaires pour sécuriser les services.

Elles rappellent que la violence envers les soignants n’est pas une fatalité mais un problème de santé publique.


🌟 Construire un environnement de soins plus sûr

Reconnaître l’ampleur du problème

La première étape est de reconnaître que la violence envers les soignants n’est pas un fait isolé mais un phénomène systémique. En faire un sujet prioritaire permet d’allouer des moyens adaptés et de développer des politiques de prévention efficaces.

Promouvoir une culture de tolérance zéro

Chaque agression doit être signalée, traitée et condamnée. Les soignants doivent être soutenus dans leurs démarches et ne jamais être culpabilisés pour avoir subi une violence. La tolérance zéro doit devenir la norme dans les établissements.

Impliquer tous les acteurs

La lutte contre les violences implique :

  • Les directions d’établissements, pour mettre en place des mesures concrètes.
  • Les pouvoirs publics, pour renforcer les sanctions et les moyens humains.
  • Les patients et leurs familles, pour rétablir une relation de respect et de confiance.

C’est seulement par une action collective que l’on pourra garantir aux infirmiers un environnement de travail digne et sécurisé.


Protéger ceux qui soignent : une priorité pour 2025

En 2025, les violences faites aux soignants constituent l’un des plus grands défis du système de santé. Les infirmiers, en première ligne, subissent des agressions qui fragilisent leur santé et menacent la qualité des soins.

Agir pour protéger les infirmiers, c’est aussi protéger les patients. C’est garantir un système de soins durable, humain et efficace. La sécurité et la dignité des soignants doivent devenir une priorité absolue.

🩺 Vous êtes infirmier et avez été confronté à des violences ?
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