Journal des Infirmiers

Témoignage : Les étudiants en soins infirmiers à la peine

Mis à contribution dès le début de l’épidémie de Covid-19, les étudiants en soins infirmiers naviguent aujourd’hui entre partiels, cours en distanciel et aides au soignant dans la lutte conter le Covid-19.

Dix mois après le début du premier confinement et l’entrée de plein pied dans la pandémie de Covid-19, le moral des étudiants français a été grandement affectés par le nouveau fonctionnement pédagogique de l’enseignement supérieur et la mise entre parenthèses de la vie sociale. Pour les étudiants en soins infirmiers, ce constat est d’autant plus vrai puisqu’ils doivent jongler entre le suivi des cours en distance, les examens, et l’aide aux personnels soignants.

Dès le mois de mars, 85 % des étudiants étaient à pied d’oeuvre pour maintenir le système de santé à flot. Loin d’avoir fini leur formation, ils ont dû faire face aux mêmes conditions de travail que leurs ainés, comme l’explique Divine Hourt, étudiante à Metz, à l’époque en stage au service rééducation d’une clinique privée : « Le service chirurgie a été transformé en unité Covid, mais comme on peut l’imaginer, ça été compliqué de transformer un tel service aussi rapidement. Ce n’était pas du tout adapté, il y avait de gros manque de matériel, et globalement une grosse tension pour tout le monde. »Lors de la deuxième vague, elle est affectée au plus près du virus : « J’étais en stage dans une EHPAD, dans un service pneumologie, donc bien mieux préparé à prendre en charge des malades du Covid. Même la, il y a eu des manques de personnels, de moyen et de matériel. On s’est senti démunis, désarmés. »

Une autre étudiante, qui préfère rester anonyme, n’a pas eu à aider directement les personnels soignants, mais a dû faire face à d’autres problèmes. Mère de deux enfants, concilier sa vie familiale et sa formation se révèle particulièrement délicat dans le contexte actuel : « J’ai deux enfants, et c’est compliqué à gérer. J’ai raté les deux premières semaines de cours en septembre car mes enfants avaient la Covid. Heureusement, mon mari est très présent, mais entre les partiels, les stages et la vie de famille… on survit! »

Cours et partiel en temps de Covid

Comme l’ensemble des étudiants, les infirmiers ont dû s’habituer à suivre une grande partie de leurs cours à distance, seul face à leur ordinateur. Une situation qui isole un peu plus les étudiants, et rend le suivi des cours un peu plus dur chaque jour. « Le moral est loin d’être au top. La formation d’infirmière est très intense, énergivore. En deuxième année, on exige de nous une certaine expérience, sauf que sans cours c’est impossible d’acquérir cette expérience. En plus de ça, la vie sociale est entre parenthèses. On se sent fragilisé »En plus d’augmenter les chances d’échec aux partiels, c’est tout un pan de la pédagogie et de l’échange avec les formateurs qui se perd à travers les écrans, comme le rappelle Divine Hourt : « J’ai eu des cours en distanciel de septembre à fin octobre. C’est compliqué à suivre, dans notre filière on a vraiment besoin d’échanger avec nos professeurs, que ce soit pour la théorie ou la pratique. Je veux quand même souligner le soutien inconditionnel de nos formateurs. On en parle peu, mais ils ont leur propre problème et sont toujours présents pour nous, à nous soutenir, et c’est important ces temps-ci. »

Ecrit pour vous par Mathieu.

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