Qu’ils soient public ou privé, les hôpitaux doivent eux aussi participer à l’effort écologique. Par nature énergivore et fonctionnant sans arrêt, les établissements médicaux multiplient les initiatives pour réduire leur impact sur l’environnement.
Lors de son discours de clôture du Ségur de la santé en juillet dernier, le ministre de la Santé Olivier Veran posait un constat simple : « C’est une aspiration qui grandit à l’hôpital : les jeunes soignants sont les premiers à militer en faveur de pratiques plus vertueuses sur le plan environnemental ». Comment répondre au défi climatique pour un établissement en besoin constant d’énergie et en mouvement continuel sept jours sur sept, 24 heures sur 24 ? C’est l’équation à laquelle doivent répondre les hôpitaux. Et le défi est de taille : leur consommation d’électricité est estimée entre 340 et 500 kilowatts-heures par mètre carré et par an, un chiffre qui ne prend pas en compte l’utilisation de mètres cube d’eau et l’émission de tonnes de déchets et de CO2. L’agence de la transition écologique (Ademe) considère que les établissements sanitaires et médico-sociaux sont responsables de 11 % de la demande d’énergie du secteur tertiaire.
Si la plupart des nouveaux hôpitaux construits ces dernières années ont adoptés des normes de construction rendant plus facile la réduction de leur bilan carbone, les plus anciens doivent revoir une grande partie de leur organisation pour faciliter la transition écologique.
Limiter les dépenses énergétiques
La France compte un peu moins de 3 000 hôpitaux. Selon l’Ademe, 60 % des dépenses énergétiques en milieu hospitaliers proviennent du chauffage et de la climatisation. 3 000 défis écologiques à résoudre, sans revoir à la baisse la qualité des soins et de l’accueil des patients.
Sur le terrain, plusieurs établissements de santé ont fait le choix de créer un poste de responsable qualité santé environnement (QSE), afin de coordonner tous les acteurs de l’hôpital vers l’objectif de réduction de l’empreinte carbone.
Le Ségur de la santé a permis d’identifier une priorité pour les pouvoirs publics : les dépenses énergétiques. « L’une des grandes priorités, (…) c’est la rénovation des bâtiments, parce que les passoires énergétiques, il y en a beaucoup dans les établissements de santé et médico-sociaux. » admettait le ministre de la Santé en juillet dernier.
Le Ségur de la santé s’est donc conclu sur deux promesses :
- Evaluer les besoins en termes de besoins énergétiques hospitalières
- Introduire une « règle verte » pour contribuer à la rénovation énergétique grâce au plan de relance.
Mieux gérer les déchets
Un autre impératif auquel doit répondre le secteur hospitalier est la gestion des déchets, qu’ils soient médicaux ou de la vie quotidienne. Que ce soit le plastique, la nourriture ou les périssables, l’hôpital à encore beaucoup de progrès à faire dans ce domaine. Si des gestes comme le recyclage des bio-déchets est facilement adoptable pour les administrations hospitalières, d’autres mesures d’envergure commencent à voir le jour.
Le Ségur de la santé a ainsi permis de poser des objectifs à grande échelle :
- La réduction du coût de gestion des déchets d’activité de soins à risque infectieux
- L’expérimentation de projets pilotes pour limiter le gaspillage alimentaire et mettre fin aux plastiques à usage unique
Dans la foulée du plan de relance présenté par le gouvernement, la fédération hôspitalière de France (FHF) a présenté 50 propositions pour assurer la transition écologique en milieu hôspitaliers dans un livre blanc. Leurs propositions s’articulent autour de sept priorités :
- Formaliser et incarner l’implication de l’état auprès des acteurs de santé dans la transformation écologique
- Articuler l’engagement dans la transition écologique avec une réflexion sur la santé environnementale dans les territoires
- Accompagner la rénovation et la conception de bâtiments écologiques, efficaces sur le plan énergétique
- Développer l’efficacité énergétique en repensant la production et la gestion des énergies
- Favoriser les mobilités douces et propres
- Améliorer la gestion des déchets, limiter leur production et encourager l’économie circulaire
- Favoriser les achats responsables et l’approvisionnement en circuits courts
L’enjeu d’une transition vers le développement durable est colossal pour le monde hospitalier : En 2017 le Comité développement durable santé (C2DS) publiait une étude sur les potentielles économies d’énergie pour les hôpitaux. Dans ses conclusions, le comité estimait les économies possibles à 54 millions d’euros par an dans les hôpitaux privés, et le double dans le secteur public.