Journal des Infirmiers

Infirmiers et pénurie de médicaments : comment s’adapter au quotidien en 2025 ?

En 2025, les pénuries de médicaments ne sont plus des situations exceptionnelles mais une réalité récurrente qui perturbe le quotidien des équipes soignantes. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), plus de 4 500 signalements de ruptures ou de risques de ruptures ont été enregistrés en 2024, un chiffre multiplié par dix en dix ans. Cette situation fragilise particulièrement les hôpitaux, les cliniques, les EHPAD et les pharmacies, avec un impact direct sur les patients.

Au cœur de ce défi, les infirmiers jouent un rôle essentiel : adapter les soins, rassurer les patients et maintenir la continuité des traitements malgré les ruptures. Comment gérer ce quotidien complexe ? Et quelles solutions envisager pour l’avenir ?


💊 La pénurie de médicaments : une réalité qui pèse sur les soins

Des chiffres alarmants en 2025

En 2025, la pénurie touche tous les secteurs, des médicaments de confort aux traitements vitaux :

  • Les antibiotiques (amoxicilline, pénicillines, céphalosporines) sont régulièrement en rupture.
  • Les anticancéreux (cisplatine, carboplatine) connaissent des retards d’approvisionnement inquiétants.
  • Les produits de base comme le paracétamol, certains vaccins et anesthésiques manquent ponctuellement.

Cette situation n’épargne aucun établissement, des CHU aux petites cliniques, et oblige les soignants à repenser leur pratique au quotidien.

Les services les plus touchés

Les pénuries frappent plus durement certains secteurs :

  • Les urgences, où la rapidité d’action est compromise.
  • L’oncologie, où les protocoles sont perturbés par le manque de chimiothérapies.
  • La gériatrie et les EHPAD, où l’accès aux traitements chroniques est de plus en plus instable.

Dans ces services, les infirmiers doivent composer avec des prescriptions modifiées, des substitutions parfois difficiles et des patients inquiets.

Conséquences directes sur les patients et les équipes

La pénurie entraîne des décalages de traitement, des modifications de posologies et une augmentation des risques d’effets secondaires liés aux substitutions. Pour les équipes, elle génère une charge de travail supplémentaire : discussions avec les médecins, gestion des stocks, explications aux familles. Un stress qui s’ajoute à une profession déjà fragilisée.


👩‍⚕️ Les infirmiers en première ligne pour gérer la crise

Adapter les soins et les protocoles

Quand un médicament est en rupture, l’infirmier doit ajuster sa pratique en fonction des décisions médicales. Cela implique :

  • Préparer et administrer les alternatives thérapeutiques définies par les médecins et pharmaciens.
  • Adapter les plannings de soins aux nouvelles prescriptions.
  • Vérifier scrupuleusement les doses et interactions en cas de substitution.

Cette vigilance est indispensable pour éviter les erreurs et garantir la sécurité des patients.

Expliquer et rassurer les patients

Face aux ruptures, les patients expriment souvent inquiétude ou colère :

  • “Pourquoi mon traitement habituel a-t-il changé ?”
  • “Est-ce que le nouveau médicament est aussi efficace ?”

L’infirmier est en première ligne pour répondre, expliquer, rassurer. Son rôle pédagogique est crucial pour maintenir la relation de confiance et éviter l’abandon de traitement.

Collaborer avec médecins et pharmaciens

La pénurie renforce la dimension collaborative du métier :

  • Travail conjoint avec les médecins pour ajuster les prescriptions.
  • Échanges réguliers avec les pharmaciens hospitaliers ou de ville pour connaître l’état des stocks.
  • Participation active aux réunions de crise internes organisées dans les établissements.

Les infirmiers deviennent ainsi des acteurs centraux dans la gestion des pénuries, au-delà de leur rôle habituel d’administration des soins.


🔮 Quelles solutions pour l’avenir ?

Les pistes institutionnelles

Plusieurs mesures nationales et européennes visent à limiter l’impact des pénuries :

  • Relocalisation de la production de molécules essentielles en Europe.
  • Création de stocks stratégiques nationaux pour les médicaments vitaux.
  • Obligation pour les laboratoires de signaler plus tôt les risques de rupture.

Mais ces mesures prennent du temps et ne résolvent pas l’urgence quotidienne des soignants.

Innovations et alternatives thérapeutiques

De nouvelles stratégies émergent :

  • Utilisation d’outils numériques de gestion de stocks en temps réel pour anticiper les ruptures.
  • Développement d’alternatives thérapeutiques innovantes, parfois moins dépendantes de chaînes d’approvisionnement complexes.
  • Protocoles de coopération permettant aux infirmiers de jouer un rôle plus actif dans l’adaptation des traitements.

La formation continue des infirmiers

Pour mieux gérer ces situations, la formation des infirmiers devient essentielle :

  • Apprendre à identifier les risques liés aux substitutions.
  • Renforcer la communication avec les patients.
  • Se former à la gestion des médicaments et à l’utilisation des plateformes numériques.

Ces compétences supplémentaires permettent de transformer la contrainte en opportunité d’évolution professionnelle.


🌟 Préserver la qualité des soins malgré les pénuries

Une mobilisation collective indispensable

La gestion des pénuries de médicaments ne peut reposer uniquement sur les épaules des infirmiers. Elle nécessite une mobilisation de tous les acteurs :

  • Les autorités de santé pour anticiper et sécuriser les stocks.
  • Les laboratoires pour assurer une transparence sur la production.
  • Les établissements de santé pour mieux organiser les équipes.

Valoriser le rôle clé des infirmiers

Il est urgent de reconnaître officiellement la place des infirmiers dans la gestion de cette crise. Leur rôle va bien au-delà de l’administration des soins : ils sont médiateurs, éducateurs, coordinateurs. Valoriser cette contribution passe par une meilleure reconnaissance institutionnelle et, à terme, une évolution des grilles de compétences.

Encourager le partage de bonnes pratiques

Les Journées des Infirmiers et d’autres événements professionnels sont des occasions idéales pour échanger sur :

  • Les méthodes locales mises en place pour gérer les pénuries.
  • Les protocoles efficaces déjà testés ailleurs.
  • Les retours d’expérience qui inspirent et rassurent les équipes.

Ces moments de partage permettent de transformer une crise en levier de progrès collectif.


Donner aux infirmiers les moyens d’agir

En 2025, les pénuries de médicaments fragilisent les soignants et les patients. Pourtant, elles révèlent aussi la capacité d’adaptation, de créativité et d’engagement des infirmiers. Chaque jour, ils trouvent des solutions pour maintenir la continuité des soins, rassurer les patients et préserver la qualité des prises en charge.

Mais cette résilience ne peut suffire indéfiniment. Pour sortir durablement de cette crise, il faut des mesures structurelles et une reconnaissance accrue du rôle des infirmiers. Car sans eux, la gestion des pénuries serait tout simplement impossible.

🩺 Et vous, comment vivez-vous les pénuries de médicaments dans votre pratique ?
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