Journal des Infirmiers

Andrée et l’histoire de sa case à soins

Quand Maryana m’a demandé « peux tu nous écrire l’histoire de ma case à soins », je me suis dit

« Par quoi commencer dans cette aventure? ».

C’est quoi une case à soins?

C’est une tiny house

facilement tractable car d’une hauteur inférieure à 4 m,

construite sur mesure pour être a la fois un cabinet médical ambulant et une habitation douillette.

Le cabinet médical mobile:

une table dépliante et 2 chaises une table d’examen pliante

-le véhicule utilitaire qui sert à la tracter sert aussi de salle d’attente si besoin.

Une habitation:

-lit rangé sous la cuisine

-cuisine équipée

-salle de douche

-buanderie

-toilettes sèches

Le tout respectueux de l’environnement et autonome (panneaux solaires, chauffée au gaz, réserve d’eau 200L, ,récupération des eaux usées)

Voila , le décor est planté.

L’histoire.

Je suis le Dr Andrée Leseur, j’étais médecin urgentiste. Je travaillais au CHU de Fort de France.

Mes loisirs étaient avant tout les voyages partout dans le monde , ce qui avait éveillé ma curiosité sur les différents habitats légers et les différents type de médecine .

J’avais choisi ce métier en autre car je savais qu’il pouvait me permettre de voyager léger et qu’on pouvait le pratiquer avec peu de choses finalement, une bonne dose de connaissance et d’humanité, de curiosité,d’écoute à l’autre, de partage et de confiance. Je projetais donc de vivre moitié du temps en Martinique et moitié du temps ailleurs.

Vieillissant, j’avais envie d’un coin à moi: la tiny me semblait adaptée.

Et puis à force de tirer sur la corde, un 13 février 2017, burn out.. cela pourrait faire l’objet d’un autre article.. bref me voila perdue.. plus de travail… Le projet de tiny était alors déjà en cours. Pour survivre et faire fonctionner mon cerveau, je crée un blog « ma case à soins . Je devais faire fonctionner mon cerveau de peur de ne le perdre, et continuer à partager mes connaissances, sinon, quel sens donner à sa vie?

En parallèle de la médecine d’urgences, j’avais étudié la phytothérapie, l’aromathérapie; bref, sans le savoir, j’étais entrain de m’orienter vers la médecine préventive . J’allais en avoir bien besoin , mais je ne le savais pas encore.

J’avais pris contact avec les constructeurs. Je leur demande alors d’accélérer car je risquais très vite de me retrouver sans rien…. c’est alors que pour me rapprocher de ma famille, je rentre en Seine et Marne.

J’avais, jeune médecin , remplacée 16 médecins dans cette région.. il en restait 3… je gardais le souvenir douloureux des nuits de garde , des journées sans fin, des mères de famille qui venaient en consultation à 22H me racontant leur délicieux gâteaux faits avec leur enfant dans la journée et comme c’était pratique de venir me voir si tard.. je n’avais eu le temps de pisser qu’une fois dans la journée et n’avais pas eu le temps de manger…. les bons moments aussi passés au domicile des anciens , là, à manger une tartine, là, à boire un porto… la campagne où j avais grandi était devenue « un désert médical ». i

Instantanément, c’était devenu une évidence: exercer la médecine à la campagne mais dans de bonnes conditions, pas celles que j avais connu! Alors en tiny , c’était l’idéal… au plus prêt des patients, et toujours dans la chaleur et le réconfort de mon « chez moi ».

« Ma case à soins » était née. Je rencontre le médecin en place alors… Il m’informe que des réunions avec tous les acteurs de santé locaux ( CPAM, URPS, conseil de l’ordre ) ont lieu régulièrement pour aider à l’installation. Je décide d’y présenter mon projet avec la crainte qu’on me prenne pour une folle.

Et là, ce projet de médecine ambulante emballe. Je savais très bien que l’article 74 du code de déontologie interdisait ce qui est appelé la médecine foraine, mais qu’en accord avec les institutions, tout devenait possible. Les lois sont faites pour évoluer.

J’écris alors le projet et je l’envoie alors à ma ministre Agnes Buzyn. Il n y aura jamais de réponse.

Ma case à soins:

A) Définition

Ma case à soins est un cabinet de médecine générale mobile permettant d’assurer la continuité des soins dans un territoire sous-doté.

Ce programme est un pré projet et peut être modifié en fonction des besoins de tous les partenaires, citoyens, professionnels de santé, commune.

B) Missions

-Permettre à un médecin de se déplacer dans une zone sous dotée en fonction des besoins. (Zones à définir avec l’ARS , CPAM, URPS, conseil de l’ordre, 8 communes peuvent être raisonnablement retenues en zone sous dotée)

-Remplacer en urgences un médecin absent

-Remplacer un médecin à sa demande de façon programmée

-Loger un médecin qui exerce dans une maison médicale sans médecin

-Fait office de maison médicale et de logement pour un médecin dans une zone sans médecin ni maison médicale

-Organisation d’une journée de formation par commune aux premiers secours pour les habitants volontaires, en présence du médecin de ma case à soins.

-Organisation de réunion publique dans une salle commune sur un thème de prévention choisi par les habitants (exemple :addiction tabac alcool cocaïne..)

-Promouvoir la médecine préventive (prévention de l’obésité : information sur les aliments, cours de cuisine avec des chefs de la région , programme d’activité physique).

-Partage de l ‘information et du thème choisi sur les autres communes.

-Création de jardin de santé communautaire : un par commune ( partenaire et formateurs à définir une fois sur place)

-Assurer la continuité des soins.

C) La médecine itinirante

-la case à soins est un cabinet mobile qui suis un circuit défini par avance en collaboration avec l’ARS.

-Une fois installée sur zone, près d’une maison de santé sans médecin ou dans un zone sans maison de santé encore construite, le médecin de la case à soins entre en contact direct ou par télémédecine afin d’identifier avec les professionnels de santé qui travaillent dans la zone les dossiers difficiles à gérer en priorité.

-prise de connaissance du dossier du patient, staff multidisciplinaire

-encadrement du résident s’il y en a un sur place

– quelle différence entre « une case a soins” et des remplacements: la case à soins va où il n’y a plus personne et pas encore de structure.

-pour 8 communes, sur 44 semaines, présence du médecin de ma case à soins 2 à 3 jours / mois en fonction des besoins et de la démographie des communes.

D)   Promouvoir la médecine préventive ,les formations aux premiers secours, et l’éducation à la santé.

Organisation de conférences hebdomadaires pour les communes par le médecin de la

case à soins sur une thématique définie soit par les professionnels de santé en place, soit par les patients sous le controle de l’ARS.

E)   Promouvoir la médecine traditionnelle et les échanges inter-générationnels.

Création de jardin de santé.

D) Questionnaires envoyés aux communes et professionnels de santé installés.

Pour les médecins:

un médecin itinérant peux se rendre dans votre commune:

Souhaitez vous travailler avec ce médecin? si oui: de quelle façon?

lors de vos indisponibilité en urgence? Lors de vos congés programmés?

Lors de sa venue, qui servira de renfort sur votre secteur?

Si vous ne souhaitez pas de renfort, à quelle distance autorisez vous que ce médecin à exercer?:

sur votre secteur? sup à 5km?

sup à 10 km? sup à 15 km? sup à 20 km?

Pour les infirmiers:

Pour les patients difficiles sans médecin?

Pour tous vos patients car il n y a plus de médecin dans le secteur? A la demande

Apres staff à l’arrivée du médecin?

Questionnaire Mairie:

êtes vous interressée par la venue d’un médecin quelques jours par mois? Pourquoi souhaitez vous travailler avec ce médecin?

Pas de médecin sur votre commune Médecin retraite exerçant encore?

Autre?

Démographie de la commune.

Soit en partenariat avec les médecins sur place , soit comme médecin traitant en fonction de la zone et de la présence ou non d’un médecin.

Obligation de la commune:

-Si pas de maison médicale sur place, fournir à la case à soins un branchement électricité et eau, des toilettes publiques pour les patients.

-Fournir une salle pour les réunion publiques

-Fournir une salle pour la formation aux premiers secours

Et maintenant?

A partir de là, ma case à soins était construite.

Le conseil de l’ordre me demande comment faire pour l accès handicapé et autres .Je suis alors épuisée, et n’ai plus d’argent à investir.J’ai fait construire le cabinet médical, passé le permis pour le tracter, acheter le véhicule adapté, je dois me concentrer pour trouver des lieux d’accueil pour vivre . Et encore aujourd’hui je ne me décide pas à exercer autrement.

Et puis un jour , Maryana a entendu parler de ma case a soins lors d’un webinar organisé par des étudiants lyonnais . Ce webinar était « la médecine nomade, une solution au désert médicaux ». Ils avaient invités plusieurs intervenants et le fruit de leur travail et recherche est juste passionnant.

Face aux déserts médicaux, le médecin doit donc être mobile. Les communes pourraient mettre à disposition des locaux. la politique de santé promouvoir la mobilité. et le  médecin disposer d’un logement « stable » où il se sente bien .

Leur idée est « Med ici », plateforme gérant en collaboration avec les médecins et les mairies, les téléconsultations, prise de RDV, optimisation de l’itinéraire, salle mise à disposition par la mairie, permettre ainsi à des médecins de travailler à temps partiel en campagne. Le lien vers le webinar est ici:

Voila, ainsi la structure mobile pourrait être moins lourde, plus efficace, le médecin moins isolé.

A suivre!!!!

https://ma-case-a-soins.com/andree-leseur/

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