Les troubles musculo-squelettiques (TMS) restent l’un des principaux fléaux de la profession infirmière. Entre manutention des patients, gestes répétitifs, postures contraignantes et rythme de travail soutenu, les infirmiers – hospitaliers comme libéraux – présentent un risque particulièrement élevé de développer des douleurs chroniques. Pourtant, de nombreuses solutions existent pour prévenir ces troubles et améliorer le confort au travail. Focus sur les stratégies les plus efficaces, adaptées au quotidien des soignants.
Un enjeu majeur pour la profession infirmière
Les TMS représentent aujourd’hui la première cause d’arrêt maladie dans les métiers du soin. Lombalgies, douleurs cervicales, tendinites, troubles de l’épaule : autant de pathologies liées à des sollicitations physiques intenses. Selon les données nationales, près de 80 % des infirmiers déclarent souffrir régulièrement de douleurs articulaires ou musculaires, un chiffre qui augmente avec les années d’exercice. Au-delà de l’impact sur la santé, ces troubles affectent également la performance, la qualité des soins et la longévité professionnelle.
Techniques de prévention : gestes et postures à adopter
Adopter les bons réflexes lors de la manutention
La manutention des personnes est la première source de TMS chez les soignants. Pour réduire les risques, certaines règles simples mais essentielles doivent devenir automatiques :
- Mobiliser le patient à deux dès que possible pour éviter les charges excessives.
- Utiliser les muscles des jambes plutôt que ceux du dos lors des transferts.
- Garder la charge proche de soi pour limiter les contraintes.
- Éviter les torsions du tronc en pivotant avec les pieds.
- Adapter la hauteur du lit avant tout soin ou mobilisation.
Ces réflexes, bien que connus, sont souvent oubliés sous la pression temporelle. La prévention commence donc par la répétition et l’ancrage de ces bonnes pratiques.
Utiliser les aides techniques de manière optimale
De nombreux outils existent pour soulager les efforts physiques, mais ils restent parfois sous-utilisés : lève-personne, planche de transfert, drap glissant, verticalisateur… Ces dispositifs permettent de réduire significativement les contraintes sur la colonne vertébrale et les épaules. Encore faut-il :
- Être correctement formé à leur utilisation.
- Les avoir à proximité pour éviter les renoncements par manque de temps.
- Les intégrer systématiquement dans les protocoles de soins.
Pour les infirmiers libéraux, les aides techniques peuvent être adaptées : sangles, tabourets roulants, sacoche ergonomique… même dans un domicile exigu, des solutions existent.
Retours d’expérience et stratégies gagnantes sur le terrain
En milieu hospitalier : des équipes mieux formées et équipées
Dans plusieurs établissements français, des programmes de prévention ont permis de réduire jusqu’à 40 % les accidents liés à la manutention. Ces programmes incluent généralement :
- Des ateliers réguliers de gestes et postures.
- Une mise à disposition systématique d’aides techniques.
- La présence de “référents TMS” au sein de chaque service.
Résultat : une diminution notable des douleurs déclarées et une amélioration du bien-être au travail.
Chez les infirmiers libéraux : une organisation millimétrée
Les IDEL sont particulièrement exposés en raison de la répétition des soins et du port d’un matériel parfois lourd. Les professionnels qui réussissent à prévenir les TMS adoptent plusieurs stratégies :
- Optimiser la tournée pour réduire les déplacements inutiles.
- Choisir du matériel léger : mallette compartimentée, tensiomètre compact, consommables en petit conditionnement.
- Varier les postures entre deux soins pour éviter les sollicitations répétées.
Ces ajustements simples permettent de limiter la fatigue articulaire tout en gardant une efficacité maximale.
Les points essentiels et les perspectives pour les soignants
Points clés à retenir
- Les TMS sont évitables grâce à une sensibilisation régulière et des gestes adaptés.
- L’utilisation d’aides techniques réduit considérablement la charge physique.
- Les établissements et les cabinets libéraux doivent intégrer la prévention dans leur organisation.
- La mise en place d’une culture de sécurité favorise la santé des équipes infirmières.
Vers une amélioration durable de la santé des soignants
La prévention des TMS n’est pas seulement une affaire de techniques : c’est un enjeu de reconnaissance et de qualité de vie au travail. Investir dans le matériel, le temps de formation et la sensibilisation continue est indispensable pour protéger les infirmiers et assurer la pérennité de la profession. En valorisant le confort et la santé des soignants, c’est toute la qualité des soins qui progresse.
