Journal des Infirmiers

Télétravail infirmier : mythe ou réalité en 2025 ?

Le télétravail s’est imposé dans de nombreux secteurs depuis la crise sanitaire, bouleversant nos manières de travailler. Mais qu’en est-il du monde infirmier ? Quand on pense au métier d’infirmier, on imagine immédiatement la présence au chevet du patient, les soins techniques, l’accompagnement quotidien. Pourtant, en 2025, certaines pratiques liées à la télésanté et à la coordination à distance redessinent en partie les contours de la profession. Alors, le télétravail infirmier est-il une utopie, une réalité naissante ou une révolution en marche ?


💻 L’essor de la télésanté et ses impacts sur le métier infirmier

De la présence physique à la distance numérique

Traditionnellement, le métier infirmier repose sur le contact humain et la présence physique. Cependant, la crise du Covid-19 a accéléré la digitalisation de la santé : téléconsultations, télésuivi, plateformes numériques… Dans ce contexte, certains infirmiers ont vu leur rôle évoluer vers des missions partiellement réalisables à distance.

Les nouveaux terrains du télétravail infirmier

Le télétravail infirmier ne concerne pas l’ensemble des soins, mais il prend forme dans plusieurs domaines :

  • L’éducation thérapeutique en ligne : accompagnement de patients chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, VIH, etc.) via des visios régulières.
  • La coordination des soins : infirmiers référents ou coordinateurs en HAD (hospitalisation à domicile) travaillent souvent depuis une base administrative avec une partie de leurs missions réalisables à distance.
  • La télésurveillance médicale : suivi de patients équipés de dispositifs connectés (tensiomètres, glucomètres, pacemakers) pour analyser les données et alerter en cas d’anomalie.
  • La santé au travail : certains IDE spécialisés effectuent du suivi préventif et des entretiens de santé en téléconsultation.

Une extension permise par la technologie

L’essor de la télésanté, des plateformes sécurisées et des outils numériques de suivi (applications de santé, dossiers médicaux électroniques partagés) permet à certains infirmiers de s’affranchir, en partie, de la contrainte de présence physique. Une évolution encore limitée mais bel et bien existante.


🏥 Les avantages et limites du télétravail pour les infirmiers

Les avantages perçus par les soignants

  • Flexibilité accrue : le télétravail partiel permet d’adapter ses horaires, de réduire les trajets domicile-travail et d’améliorer l’équilibre vie pro/vie perso.
  • Réduction de la fatigue physique : moins de station debout prolongée, moins de manutention lourde.
  • Valorisation de l’expertise : certains IDE trouvent dans ces missions une reconnaissance de leurs compétences cliniques et pédagogiques, au-delà du soin technique.
  • Continuité des soins : les patients éloignés ou à mobilité réduite peuvent bénéficier d’un suivi régulier malgré la distance.

Les limites incontournables

  • Perte du lien humain : la relation de confiance, centrale dans le métier infirmier, est difficile à recréer derrière un écran.
  • Charge mentale différente : gestion des outils numériques, dépendance aux plateformes, risque de surcharge cognitive.
  • Inégalités d’accès : tous les patients n’ont pas la maîtrise ni le matériel nécessaire (connexion internet, tablette, smartphone).
  • Activités non transférables : pansements complexes, soins techniques, gestes d’urgence… une grande partie du cœur du métier reste non délocalisable.

Des témoignages contrastés

Certains infirmiers se disent enthousiastes :

“Je peux accompagner mes patients chroniques à distance, et ils apprécient de ne pas devoir se déplacer pour chaque rendez-vous.”

D’autres restent sceptiques :

“Rien ne remplacera le contact, l’observation fine, l’intuition qu’on développe au lit du patient. Le télétravail n’est qu’un outil, pas un soin.”


🔮 Quel avenir pour le télétravail infirmier en 2025 et au-delà ?

Des évolutions technologiques prometteuses

Les innovations numériques ouvrent la voie à de nouveaux usages :

  • IA et algorithmes prédictifs pour anticiper les décompensations (ex : détection d’arythmies ou d’hypoglycémies).
  • Objets connectés intelligents qui transmettent en temps réel des données exploitables par les IDE.
  • Plateformes collaboratives pour le suivi multidisciplinaire à distance.

Ces outils laissent entrevoir un futur où l’infirmier pourrait suivre un patient à distance tout en restant en lien avec l’équipe de terrain.

Des enjeux de formation et de reconnaissance

Pour accompagner ce virage, plusieurs défis doivent être relevés :

  • Former les IDE aux compétences numériques et à la gestion de données de santé.
  • Définir un cadre légal clair pour protéger soignants et patients (sécurité, confidentialité, responsabilité professionnelle).
  • Reconnaître le temps passé à distance dans la charge de travail, et le valoriser financièrement.

Vers une hybridation des pratiques

Plutôt qu’un basculement complet, c’est un modèle hybride qui s’impose :

  • Soins techniques et présence indispensable ➝ en présentiel.
  • Suivi, coordination, éducation ➝ en distanciel, quand c’est pertinent.

En 2025, le télétravail infirmier est donc une réalité partielle, qui complète le soin classique sans jamais le remplacer.


⚖️ Une révolution à encadrer pour préserver l’essence du soin

Un outil d’avenir, pas une solution miracle

Le télétravail infirmier peut améliorer l’organisation, la qualité du suivi et le bien-être professionnel. Mais il ne doit pas être perçu comme une solution miracle pour pallier la pénurie de soignants ou réduire les coûts hospitaliers.

Préserver le cœur du métier : le lien humain

Le rôle infirmier repose avant tout sur l’accompagnement, l’écoute et l’observation clinique directe. Ces dimensions ne peuvent être totalement digitalisées. Il est donc crucial de garder le télétravail comme un outil au service de la relation, et non comme un substitut.

Construire un cadre clair et adapté

Pour en faire un levier positif, il faut :

  • un cadre réglementaire clair sur les missions possibles à distance,
  • une évaluation continue des impacts sur la qualité des soins,
  • une concertation avec les professionnels eux-mêmes, afin que cette évolution respecte la réalité du terrain.

Le télétravail infirmier : entre mythe et réalité

En 2025, le télétravail infirmier existe bel et bien, mais il reste partiel, ciblé et complémentaire. Il s’impose dans certaines missions comme la coordination, l’éducation thérapeutique ou la télésurveillance, tout en laissant la primauté au soin de terrain.

Le futur ? Sans doute un équilibre subtil entre présentiel et distanciel, où l’infirmier restera toujours au cœur de la relation de soin, avec des outils numériques comme alliés.

🩺 Et vous, avez-vous déjà expérimenté le télétravail infirmier ?
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