Journal des Infirmiers

Vaccination des soignants : où en est-on en 2025 ?

La crise sanitaire du Covid-19 a marqué un tournant historique dans la gestion de la vaccination en France, notamment pour les professionnels de santé. Infirmiers, aides-soignants, médecins, étudiants en santé… tous ont été confrontés à un cadre inédit mêlant obligation, urgence, défiance et surcharge. En 2025, alors que le Covid semble maîtrisé, la question demeure : quelle est aujourd’hui la place de la vaccination chez les soignants ? Entre recommandations, obligations résiduelles, éthique et responsabilité collective, faisons le point.


💉 La vaccination des soignants : entre obligation, devoir éthique et liberté individuelle

Les vaccins obligatoires en 2025 pour les professionnels de santé

Selon la législation en vigueur, les infirmiers doivent toujours être immunisés contre :

  • L’hépatite B (vaccination obligatoire depuis 1991 pour tous les professionnels de santé),
  • Le tétanos, la diphtérie et la poliomyélite,
  • La grippe saisonnière, bien qu’elle reste fortement recommandée sans être obligatoire.

Concernant le Covid-19, l’obligation vaccinale, suspendue depuis 2023, n’a pas été réactivée mais pourrait l’être en cas de nouveau variant virulent. Les soignants ne sont donc plus contraints, mais incités fortement à maintenir leur protection.

D’autres vaccins comme la coqueluche, la rougeole ou la varicelle peuvent être exigés en fonction du service (néonatalogie, pédiatrie, oncologie…).

Retour sur l’évolution du cadre légal depuis le Covid

L’obligation vaccinale contre le Covid-19, instaurée en août 2021 pour les soignants, a profondément divisé la profession. Sa suspension en 2023 a laissé des traces : tensions internes, stigmatisations, incompréhensions, et parfois même des départs.

Depuis, les politiques publiques tentent de revenir à un modèle basé sur la recommandation, tout en gardant la possibilité d’une obligation en cas de crise.

Liberté de choix ou protection des plus fragiles ?

La vaccination des soignants soulève une tension éthique persistante :

  • D’un côté, la liberté individuelle à disposer de son corps,
  • De l’autre, le devoir de non-malfaisance, surtout face à des patients immunodéprimés, âgés, fragiles…

En 2025, ce débat reste vif dans les établissements, entre collègues et parfois même entre soignants et patients.


🏥 Couverture vaccinale dans les établissements : état des lieux et freins persistants

Des taux de vaccination variables selon les vaccins… et les établissements

D’après les dernières données de Santé Publique France :

  • Environ 90 % des infirmiers sont correctement vaccinés contre l’hépatite B,
  • Le taux de vaccination antigrippale oscille entre 40 et 60 % selon les régions,
  • Pour le Covid-19, 70 à 80 % des professionnels ont reçu au moins une dose dans les 12 derniers mois, mais le rappel annuel reste inégalement suivi.

Les établissements privés affichent parfois de meilleurs résultats que le secteur public, notamment grâce à une organisation plus souple et à des campagnes ciblées.

Les freins persistants chez les soignants

Malgré leur rôle dans la prévention, certains infirmiers restent méfiants vis-à-vis de certains vaccins, pour plusieurs raisons :

  • Méfiance envers les laboratoires pharmaceutiques,
  • Saturation d’informations contradictoires pendant la pandémie,
  • Effets secondaires mal expliqués ou minimisés,
  • Manque de temps ou d’accès à la vaccination sur place,
  • Sensation de pression institutionnelle, vécue comme infantilisante.

Ces freins ne sont pas synonymes d’antivaccinisme, mais d’un besoin de reconnaissance, de clarté et de confiance.

L’importance du discours institutionnel

Le ton adopté par les autorités sanitaires influence directement la couverture vaccinale. En 2025, les campagnes qui fonctionnent sont celles qui :

  • sont transparentes sur les bénéfices/risques,
  • prennent en compte les spécificités des soignants,
  • font appel à des pairs plutôt qu’à des injonctions descendantes.

🚑 Vers une approche plus participative et individualisée ?

Des stratégies innovantes au sein des établissements

Certains établissements ont compris que l’implication passe par l’écoute. On voit apparaître :

  • des “ambassadeurs vaccination” dans les services, souvent des IDE volontaires,
  • des sessions d’échanges ouverts sans jugement,
  • des webinaires de formation continue dédiés à la vaccination.

Ces approches plus humaines permettent de réduire les tensions et de faire évoluer les représentations, dans le respect du parcours de chacun.

Accès simplifié = adhésion renforcée

Des campagnes de vaccination efficaces reposent aussi sur la facilité d’accès :

  • vaccins disponibles en intrahospitalier, sans RDV,
  • créneaux organisés pendant les relèves ou les pauses,
  • rappels automatisés et personnalisés sur les portails RH.

L’objectif : intégrer la vaccination dans le quotidien professionnel, sans contrainte ni culpabilisation.

Une responsabilisation sans stigmatisation

En 2025, certains établissements optent pour une charte interne où les soignants s’engagent, de manière volontaire, à :

  • se maintenir informés,
  • dialoguer avec les médecins référents,
  • signaler toute contre-indication ou doute.

Cette responsabilisation favorise l’adhésion active, loin de l’obligation punitive. Et dans les faits, elle permet souvent d’atteindre des taux d’adhésion plus élevés.


🔄 Pour une couverture vaccinale cohérente et respectueuse du terrain

Protéger sans punir

La vaccination des soignants n’a de sens que si elle :

  • protège les patients,
  • préserve la santé des équipes,
  • renforce la sécurité globale des soins.

Mais cela ne peut fonctionner que dans un climat de respect et de confiance mutuelle. Le modèle vertical d’injonction vaccinale a montré ses limites : écouter, dialoguer et accompagner sont devenus les clés d’une adhésion durable.

Prendre en compte les réalités du terrain

Chaque service a ses contraintes : charge mentale, pénurie d’effectifs, turn-over… Une stratégie efficace est donc nécessairement contextualisée :

  • adapter le discours aux réalités de la réa, des urgences ou des EHPAD,
  • prendre le temps d’expliquer sans juger,
  • former les cadres à l’écoute active plutôt qu’au rappel à l’ordre.

Le rôle des infirmiers dans la chaîne de prévention

Les IDE sont au carrefour du soin et de la prévention. Ils vaccinent, informent, rassurent… Mais ils doivent aussi pouvoir exprimer leurs doutes et poser leurs questions. Renforcer leur légitimité passe aussi par les considérer comme des acteurs à part entière des politiques de santé publique.


Vacciner avec eux, pas contre eux

En 2025, la vaccination des soignants ne peut plus se penser uniquement comme une contrainte à imposer. Elle doit être une démarche co-construite, fondée sur la confiance, l’exemplarité, la clarté… et le respect du vécu professionnel. Parce qu’un soignant convaincu est un soignant convaincant, le dialogue est le premier vaccin contre la défiance.

🩺 Vous avez une initiative locale à partager ? Vous avez changé d’avis sur la vaccination en tant qu’IDE ?
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