À l’occasion de la journée des droits des femmes, le Journal des Infirmiers est allé à la rencontre de ces associations qui luttent au quotidien pour faire avancer les droits des femmes en France, et dans le monde. Ces femmes, dont le commun est loin d’être singulier, entrevoient de l’espoir pour le futur. Elles sont toutes unanimes : “Nous sommes sur la bonne voie”.
Michèle Vianès est la présidente de l’association Regards de Femmes à Lyon. Féministe dans l’ame, l’égalité des droits, le devoir de la dignité et l’égalité femmes/ hommes dans tous les pays lui tiennent profondément à coeur, meme depuis la création de l’association en 1998. Également représentante pour l’Europe du réseau francophone pour l’Égalité Femmes-Hommes, elle insiste sur l’importance de déconstruire les stéréotypes mis en place aujourd’hui. Il n’y a pas de métier pour les hommes ou pour les femmes, explique t-elle. Ses champs d’actions sont multiples : la parité politique, l’égalité salariale (encore loin d’être gagnée selon elle), les violences économiques, ainsi que l’importance du respect de la laïcité en France.
“Nous nous considérons Féministes universalistes”, affirme Michèle Vianès, qui insiste sur l’aspect primordial de miser sur la prévention pour faire évoluer les mentalités. La stigmatisation est encore trop présente et la question de la parité en politique n’est pas encore acquise. Les femmes sont victimes de violences multiples : économiques, physiques, sexuelles, entre autres. Le mot d’ordre de cette association lyonnaise et internationale est : la solidarité. Sans frontière.
L’association Regards de Femmes s’est également impliquée dans le projet de loi renforçant le respect des principes de la République car “les femmes sont les premières cibles de tous les obscurantismes. Nous nous battons pour que les femmes migrantes puissent aussi avoir les mêmes droits, dans la mesure qu’elles vivent sur le territoire de la République”, affirme Michèle Vianès.
L’autre cheval de bataille est la déclaration de naissance de tous les enfants, quelque soit leur terre de naissance. “Sur tous les continents, tous les enfants ne sont pas déclarés lorsqu’ils naissent. Ils n’ont donc aucune entité juridique. Depuis quelques années, elle mène ce combat, en plus de celui de la modificationn des pronoms dans la langue francaise, qui peut faire régresser le mot femme. Le 10 mars prochain, elle participera à la visioconférence à la Mairie du 6eme arrondissement de Lyon afin d’évoquer les sujets primordiaux entourant la question des droits des femmes.
Le Journal des Infirmiers a également rencontré Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif National pour les Droits des Femmes
Suzy Rojtman milite depuis 1974. “Juste après mai 1968, tout le monde avait envie de militer. Depuis, ça n’a jamais disparu”, explique-t-elle d’entrée de jeu. Le 8 mars, c’est une journée d’affirmation féministe. La bataille dure en réalité toute l’année. Nous sommes là pour faire avancer nos droits. Elle demeure optimiste à l’heure actuelle, car on a réussi à assurer l’égalité formelle. Il n’y a plus rien dans la loi, et notamment le code civil, qui marque le caractère inégalitaire des femmes. “À l’époque, sous Napoléon, les femmes mariées étaient sous l’autorité de son mari.
On vient de loin, dit-elle. À l’époque, l’avortement n’était pas autorisé, la contraception non plus, ni meme le droit de vote. On a gagné ces batailles, sauf que l’égalité réelle n’est toujours pas gagnée. L’égalité salariale n’est toujours pas réalisée, rappelle-t-elle. La minime représentation des femmes en politique est une preuve que l’on n’est pas arrivé à l’égalité. Il faut commencer par le début. Il faut faire de la prévention dès la crèche pour que les enfants aient conscience de la réalité des choses. Si toutes les femmes s’arrêtaient, le pays ne marcherait pas. C’est pour cela qu’il faut une grève féministe, notamment le 8 mars, pour rappeler combien la femme occupe un role central dans la société.
Le journal des Infirmiers a rencontré la présidente de l’Organisation de Femmes Égalité
Ana Azaria est présidente de l’Organisation de Femmes Égalité. Elle a créé cette organisation en vue de coordonner des groupes de femmes existant dans plusieurs villes. “Nous allons manifester pour montrer que les femmes sont les premières de corvées. Nous souhaitons mettre en lumière les soignants, les infirmières, les aides domiciles, les caissières (…), qui ont été en première ligne pendant cette épidémie. Le combat d’Ana Azaria et de l’Organisation Femmes Égalité est la revalorisation salariale de ces travailleuses dans ces métiers essentiels, mais peu reconnus.
“Nous restons optimistes même s’il reste beaucoup à faire. »
Raphaël DELAPRÉE