Solange Menival est Présidente du Think Tank Stratégie Innovations Santé, et intervient régulièrement sur la chaîne BFM Business. En ce lundi 26 avril 2021, l’auteure du livre “À propos de nos hôpitaux qu’il est encore temps de sauver” alloue un entretien exclusif pour le Journal des Infirmiers.
La France a pourtant les moyens
Solange Ménival se réjouit que la France ait une médecine de qualité et des CHU qui excellent, en plus d’une technologie de pointe. “On a de très grands professionnels extrêmement compétents, mais elle se désole que les infirmières ne soient pas suffisamment représentées dans la société. Elles ont eu toujours beaucoup de mal à se faire entendre, même lors des manifestations, estime-t-elle.
Les infirmières sont excédées et fatiguées
La communication entre les infirmières doit être améliorée. Aujourd’hui, elles sont excédées et fatiguées. Leur statut n’a pas été revalorisé, leur rémunération est insuffisante. Pourtant, elles ont des propositions et des solutions à apporter, mais elles ne sont pas entendues par les pouvoirs publics, qui tend davantage l’oreille au corps médical qu’au corps paramédical.
L’État n’est pas le seul fautif
La France est dans un état d’accumulation historiquement, et d’erreur d’appréciation de ce que peut apporter le travail d’infirmier. Toutefois, ce n’est pas l’État français qui est le seul en cause. Les infirmières en France ont leur part de responsabilité car elles n’ont pas emboîté le pas avec leur homologues espagnoles, par exemple, en ce qui concerne l’émancipation au travail. Elles n’ont pas toujours été à la hauteur de ce qu’elles revendiquent. “Dans l’état actuel de nos organisations de santé, je ne suis pas sûr que l’on puisse faire mieux. Elle est tellement pyramidale, tout remonte à l’État. “Il faudrait plutôt avoir des échelons intermédiaires (à une échelle locale) dans lesquelles les infirmières auraient pris les responsabilités en matière de santé proactive, ou encore de santé populationnelle.
Les territoires laissés sur la touche
“La France est toujours trop souvent hospitalocentrique. On ne va pas assez dans les besoins des patients”, rétorque Solange Ménival, qui s’étonne aussi que le président de la République, Emmanuel Macron, ne débloque pas une plus ample enveloppe pour les territoires et dans la recherche. Elle estime qu’on a “un système de santé centré sur la technicité, et pas assez sur la recherche puisqu’on a pas pu créer un vaccin”.
Les infirmières doivent se battre intelligemment
Toutefois, Solange Ménival demeure optimiste, à condition que les infirmières décident de se battre, mais de se battre intelligemment. Elles ont malheureusement toujours été sous payées et exploitées. “L’avenir du système de santé est dans la coopération des professionnels de santé et dans des objectifs populationnels. Les patients ont besoin de recevoir de l’attention, de l’empathie, qui constitue déjà une grande part du soin. Dans les prochaines années, il y aura des enjeux technologiques extrêmement forts, et des enjeux territorialisés très importants aussi, explique Solange Ménival. “Les infirmières peuvent avoir un rôle considérable dans une nouvelle offre de soins qui répond aux besoins de la population car elles ont accès à de nouvelles technologies, au savoir et elles ont des connaissances sociales et de l’empathie.”
Raphaël DELAPREE